La vie animale terrestre à Takapoto

par

F. Rivière1

Dans le cadre du projet M.A.B. thème n° 7 de l'UNESCO, plusieurs missions scientifiques ont été réalisées en 1975 et 1976 à l'atoll de Takapoto, archipel des Tuamotu, pour y étudier la faune terrestre. L'auteur a réalisé deux missions d'Entomologie Générale et de Parasitologie. Il fait la synthèse de ses observations et des rapports des autres spécialistes : J. C. THIBAULT pour l'Ornithologie, J. DUVAL pour la Biologie des « Nonos », les Drs J. LAIGRET, R. BAGNIS, H. KAEUFFER pour la Médecine, M. LATHAM pour la Pédologie de l'atoll, SCHMID pour la Flore, J. NEWHOUSE pour le bilan énergétique et l'Écologie du village. Pour décrire l'écosystème de l'atoll, il définit 5 biotopes différents et commente les structures des chaînes alimentaires qui y contrôlent les rapports faune-flore. Bien qu'en ce qui concerne l'Entomologie la détermination de toutes les espèces récoltées ne soit pas encore terminée, il semble bien que les animaux de Takapoto constituent une faune pionnière, d'origine cosmopolite et d'arrivée très récente. Ceci est en accord avec la théorie d'une réémergence récente (— 3.000 ans) des atolls des Tuamotu.

Les espèces animales et végétales sont en train de coloniser Takapoto, essentiellement a partir des provinces australienne et asiatique, le plus souvent via Tahiti.

Mais avec le développement dans le Pacifique des grands moyens de voyages intercontinentaux, les dernières espèces introduites peuvent être d'origine encore plus lointaine. Sauf peut-être pour les oiseaux, la spéciation ne semble pas avoir encore modelé des espèces propres à l'archipel comme il en existe dans les îles hautes voisines (Tahiti, Marquises). L'homme ne peut vivre et se maintenir à Takapoto qu'en tirant l'essentiel de ses besoins non pas des ressources terrestres trop pauvres mais de la mer et du lagon. L'entrée des Paumotu dans les systèmes économiques modernes ne se fera pas sans problèmes pour l'écologie des atolls de cette région du Pacifique Sud. Ces écosystèmes sont en équilibre harmonieux mais ils sont plus fragiles que d'autres.

À Takapoto comme partout sur la terre, les arthropodes terrestres et en particulier les insectes sont les animaux les plus nombreux, en espèces comme en individus. Ce phénomène bien connu est la résultante de leur petite taille et de leur grand potentiel reproducteur. Les autres embranchements animaux sont faiblement représentés. Sur les atolls des Tuamotu seuls les oiseaux, les lézards et les moustiques donnent au promeneur une impression de vie animale.

Le nombre total d'espèces terrestres à Takapoto est au minimum de 175. Nous avons observé ou récolté 8 mammifères (homme, 3 espèces de rats, souris, chien, porc, chat), 16 espèces d'oiseaux (2 domestiques, 3 terrestres nicheurs, 8 migrateurs et 3 marins nicheurs), 5 reptiles (1 tortue marine, 1 serpent, 3 lézards et geckos). Nous avons recensé 107 espèces d'insectes, 3 myriapodes, 1 scorpion, 1 pseudoscorpion, 7 aranéides, 4 acariens, 9 crustacés et 1 mollusque terrestres et 14 vers parasites. Les protozoaires terrestres qui existent certainement à Takapoto, n'ont pas été recherchés. À titre de comparaisons des chercheurs ont trouvé 96 espèces d'insectes sur l'île nue de Canton, 500 sur l'atoll d'Arno (les Marshall), 534 aux îles Marquises (1, 2), 1.000 à Guam (12).

Du fait de la conformation physique de Takapoto, la faune est en majorité une faune sédentaire. Les migrations hors de l'atoll ne sont possibles que pour certains oiseaux et pour l'homme. Dans ce milieu sévère, les insectes et les crustacés qui vivent au dépens des plantes sont variés. Tous les autres animaux terrestres se nourrissent à partir de ces deux groupes. Les insectes, les crustacés et l'unique mollusque terrestre de l'atoll forment le premier maillon de la plupart des chaînes alimentaires. Ils sont phytophages, détritiphages ou saprophages. Ils détruisent constamment la flore et ses détritus pour former l'humus qui permettra aux végétaux de se reconstituer.

Les consommateurs secondaires à Takapoto, sont des prédateurs primaires ou bien des parasites du premier degré. Les prédateurs sont les