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Biodiversité, faune & conservation
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7 octobre 2013

Des escargots menacés bientôt réintroduits en Polynésie

Bonne nouvelle pour la biodiversité ! Samedi 30 septembre 2013, la Société Zoologique de Londres (ZSL) a annoncé la réintroduction durant le mois d’octobre de trois espèces d’escargots endémiques à Tahiti, près de trente ans après leur disparition.

Soigneur au secteur « invertébrés » du zoo de Londres et coordinateur du studbook international des escargots du genre Partula, Don McFarlane veillera sur les précieux gastéropodes durant leur transfert vers l’île polynésienne où les escargots seront relâchés au sein d’une réserve protégée, dans leur habitat forestier d’origine. Des membres du personnel des zoos de Bristol et d’Édimbourg seront aussi du voyage.

PARTULA NODOSAParmi les trois espèces réintroduites dans leur milieu d’origine figure Partula nodosa, espèce éteinte dans la nature (photo Woodland Park Zoo).

« Ce projet est la conclusion de trente ans de coopération entre différents zoos à travers le monde et le Gouvernement de la Polynésie française. Nous espérons vraiment que ce travail acharné portera ses fruits et que nous verrons les escargots Partula prospérer à nouveau dans la nature », a déclaré M. McFarlane.

Une extinction foudroyante

Cette réintroduction concerne les espèces Partula affinis, Partula hyalina et Partula nodosa. Les deux premières sont classées « en danger critique d’extinction  » par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), la dernière est éteinte à l’état sauvage.

REERVE PARTULARéserve d’escargots Partula à Tahiti. Le site est protégé par une barrière électrifiée et une clôture afin d’éloigner les prédateurs et d’assurer la tranquillité des précieux gastéropodes (photo ZLS).

Gastéropodes terrestres tropicaux et arboricoles endémiques des îles de l’océan Pacifique (Polynésie, Micronésie et Mélanésie), les escargots du genre Partula ont été victimes d’une extinction massive à la fin du XXe siècle. Sur les quelque 120 espèces de ce genre, une cinquantaine a été exterminée et les survivantes demeurent très menacées. Sur les îles de la Société en Polynésie françaises, seules 5 (ou 6) espèces sur 60 (ou 61 selon les sources) subsistent aujourd’hui ! À Moorea, 7 espèces sur 8 sont éteintes. À Tahiti, 4 espèces (peut-être 5) sur 8 ont disparu. Les 33 espèces de Raiatea, les 4 espèces de Huahine, les 6 espèces de Tahaa et l’unique espèce de Bora Bora ont, elles, été rayées de la surface de la Terre.

Tragédie en deux actes

À l’origine de ce désastre écologique et de cette perte irrémédiable de la biodiversité, l’Homme ! En 1967, un entrepreneur français introduit l’escargot géant africain ou achatine (Lissachatina fulica) à Tahiti à des fins alimentaires. Son projet se solde par un échec et les achatines sont relâchés dans la nature. Ils se reproduisent allègrement et dévastent les cultures.

ESCARGOT GEANT AFRICAINL’escargot géant africain (Lissachatina fulica) a été importé en 1967 à Tahiti à des fins commerciales avant d’être relâché dans la nature, provoquant une chaîne de catastrophes (photo Jayendra Chiplunkar).

Les autorités choisissent alors d’éradiquer l’escargot africain par la lutte biologique en utilisant un escargot carnivore (Euglandina rosea) originaire des États-Unis. Celui-ci est ainsi introduit à Tahiti en 1974, à Moorea en 1977 et sur d’autres îles à partir de 1980. Plus petit que l’achatine, l’escargot prédateur nord-américain préfère alors attaquer et dévorer les petits escargots endémiques, dont la taille maximale avoisine 2 cm, plutôt que le géant africain. À jouer à l’apprenti-sorcier, l’Homme a ainsi provoqué une extinction d’une ampleur exceptionnelle.

EUGLANDINA ROSEADélaissant les achatines africains, l’escargot carnivore américain Euglandina rosea a provoqué des ravages au sein des populations de Partula (photo Tim Ross).

Les zoos au secours des escargots

En réaction à ce désastre, un programme international de conservation des Partula (« The Global Species Management Programme for Partula snails ») est lancé en 1986. Depuis 1994, il est géré conjointement par la Société Zoologique de Londres et le zoo de Saint-Louis dans le Missouri (États-Unis) et concerne 16 espèces de Partula dont chacune bénéficie de son propre studbook. Aujourd’hui, une quinzaine d’établissements zoologiques dans le monde participent à ce programme d’élevage en collaboration avec la Direction de l'environnement de la Polynésie française.

PARULA GIBBAEndémique de l'île de Guam et des Mariannes du Nord, Partula gibba est « en danger critique d'extinction ». L’espèce est élevée au zoo de Thoiry (photo Dave Hopper, U.S. Fish and Wildlife Service).

En France métropolitaine, des escargots Partula sont visibles dans « L’Arche des petites bêtes » du  zoo de Thoiry. Le parc francilien s’implique dans l’élevage ex situ de six espèces : P. gibba, P. hyalina, P. dentifera, P. mooreana, P. tristis, et P. suturalis. Les quatre dernières sont considérées comme éteintes dans la nature.

Sources : The Zoological Society of London (ZSL), « L’évolution, la dispersion et la disparition des escargots endémiques de Polynésie française » étude de Trevor Coote, Waza (World association of zoos and aquariums) conservation projects, Groupe Thoiry, Wikipédia.

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